Arthur de Jerphanion est le CEO de Tandem, l’entreprise qui permet aux entreprises de proposer des vélos de fonction à leurs salariés. Cette idée est née d’un intérêt pour la mobilité douce mais aussi d’un besoin : malgré le développement des vélos en ville, aucune mise en place n’est faite entre les entreprises françaises et leurs salariés.
Bien que les frais de transports soient en partie pris en charge par l’entreprise, ou qu’une voiture de fonction est attribuée aux cadres dirigeants : ces moyens de déplacement ne correspondent pas à tout le monde. Arthur s’appuie sur un chiffre-clef pour preuve : huit millions de personnes font moins de 10 km pour aller au travail.
Alors que l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique ont déjà mis en place le modèle du vélo de fonction. Comment l’entreprise Tandem parvient-elle à développer son idée perçue comme innovante par les Français ?
Arthur de Jerphanion nous explique tout sur son business : de la création au fonctionnement interne en passant par la stratégie.
Dans cet article, vous découvrirez :
- Réussir ses premiers pas dans l’entrepreneuriat
- S’entourer et s’associer pour lancer son entreprise
- Dépasser les barrières mentales liées l’innovation
- Gérer les stocks et les flux de produits
- Grandir de manière réfléchie et éthique
Réussir ses premiers pas dans l’entrepreneuriat
La première étape pour Arthur et son associé Nicolas fût de construire l’offre, en 2020. L’objectif était de proposer une offre complète et clef-en-main, qui soit facile et intéressante pour les entreprises et les salariés.
De nombreuses questions se sont posées dont : quel vélo proposer ? L’idée d’une marketplace pour mettre en relation les entreprises et les fournisseurs a été évoquée, mais Tandem préfère sélectionner les fournisseurs. Deux raisons à cela :
- Choisir des marques françaises dont l’assemblage se fait en France ou en Europe.
- Aiguiller les utilisateurs qui connaissent moins les critères de choix d’un vélo.
La seconde étape fût de tester l’offre auprès des prospects. Une étape qui est fondamentale pour savoir s’il existe une appétence de marché et affiner l’offre pour la rendre d’autant plus attractive. Les premiers clients sont arrivés assez vite grâce notamment à un investissement stratégique sur la partie acquisition. Dès les premiers temps, l’entreprise a misé sur l’achat de mots-clefs sur Google Ads, le bon référencement a d’abord attiré les TPE et PME puis les plus grosses entreprises.
S’entourer et s’associer pour lancer son entreprise
Malgré ses expériences en intrapreneuriat, Arthur souligne qu’au début « c’est de la démerde ». D’où l’importance de s’auto-former sur les sujets les moins maitrisés, non seulement pour avoir un niveau de connaissances acceptables sur tous les paramètres de l’entreprise mais aussi pour pouvoir déléguer.
Chez Tandem, la décision de s’entourer d’experts sur les sujets complexes fût essentielle pour gagner en crédibilité. Par exemple, dès le début, Arthur et Nicolas ont fait appel à un avocat pour la rédaction des contrats. Le bon équilibre doit être trouver entre faire soi-même et déléguer.
Les deux associés se sont rencontrés par une connaissance commune et se sont immédiatement entendus sur le sujet de la mobilité douce. Puis, le développement du projet s’est fait naturellement grâce à leurs valeurs communes. Arthur insiste : il n’y a pas de règle pour s’associer. Ça dépend des personnes, des business et du moment… Cependant, la qualité de l’association définit en grande partie le succès de l’entreprise.
Dans le cas de Tandem, les profils d’Arthur et Nicolas ne semblaient pas complémentaires parce qu’ils ont tous deux des compétences commerciales. Pourtant, la répartition des rôles est simple :
- Sur les sujets peu maitrisés, chacun a choisi selon ses affinités entre le marketing et l’opérationnel.
- Sur la partie sales maitrisée par les deux associés, ils ont uni leur force pour représenter l’entreprise.
Dépasser les barrières mentales liées l’innovation
D’un côté, l’habitude de prendre la voiture en France est très ancrée et, d’un autre côté, la culture du vélo s’apparente soit au loisir, soit au sport. Le défi de Tandem est de proposer une nouvelle manière d’aller au travail et de la rendre incitative pour les entreprises et les salariés. Donc, dans son offre, Tandem dépasse les trois principaux freins à l’utilisation du vélo :
- L’accessibilité : un vélo électrique vaut plus de 2.000 euros, Tandem vend sa solution tout compris à seulement 25 euros par mois.
- La sécurité : la peur du vol dissuade de nombreux achats, d’autant que les infrastructures pour le vélo sont moins développées qu’en Allemagne ou en Belgique et protègent moins du vol. Tandem sait que l’assurance est un point primordial de son offre.
- L’entretien : beaucoup de personnes sont freinées parce qu’elles ne se sentent pas capables d’entretenir un vélo. Cet élément est également pris en charge par Tandem.
Chez Tandem, l’assurance est solide et l’entretien se fait en bas des bureaux dans la journée. Ainsi, en plus d’être accessible et écologique, la solution de Tandem comprend tous les avantages qui permettent d’inciter les salariés à utiliser le vélo plutôt que la voiture ou les transports en commun.
Même pour les usagers qui emmènent leurs enfants à l’école, il existe des vélos adaptés comme les modèles « cargo » par exemple. Tout est mis en place pour proposer plusieurs variantes selon les profils et les besoins.
Pour les entreprises également, l’aspect clef-en-main s’ajoute aux avantages économiques et écologiques. D’autant que le vélo de fonction a aussi un impact sur le bien-être puisque la productivité des salariés qui viennent au travail en bougeant est augmentée de 6 à 9%.
Gérer les stocks et les flux de produits
L’un des objectifs de Tandem est de livrer dans le délai le plus court possible. Les entreprises qui acceptent d’équiper ses salariés souhaitent être livrées quelques jours après la signature du contrat. Le questionnement qui en découle est celui du stock. Durant la période Covid, le marché était à l’arrêt alors la constitution d’un stock était indispensable pour éviter des délais de plusieurs mois. Aujourd’hui, le marché se lisse, le stock est moins conséquent et le processus en interne s’oriente de plus en plus vers du flux tendu.
Tandem a quatre entrepôts en France pourtant, à ses débuts, l’entreprise n’avait pas les finances pour des achats aussi conséquents. Arthur et son associé ont trouvé une solution : le leasing, c’est-à-dire que la vente des contrats et la location longue durée s’effectuent par un organisme bancaire. Cet organisme – le leaser – est un intermédiaire entre Tandem et l’entreprise-cliente, il collecte les « loyers » et les reverse à Tandem et finance l’achat des vélos.
Grandir de manière réfléchie et éthique
Arthur est catégorique : il ne veut pas faire de levée de fonds par imitation ou par effet de mode. Comme le but est d’être rentable rapidement, une levée de fonds doit avoir du sens et intervenir à des moments clefs de l’accélération de l’entreprise. Tandem ne suit pas le modèle licorne avec de grosses levées de fonds mais tient à lever des sommes raisonnables et raisonnées : leur première levée s’élève à 800.000 euros.
Pour faire grandir Tandem, l’entreprise doit accompagner l’évolution des modes de pensées vers le vélo et, pour cela, prioriser la qualité pour répondre aux exigences des partenaires. La qualité de services est l’objectif numéro un pour gagner la confiance des clients mais également pour choyer la première livraison. En effet, avec un business innovant comme Tandem, la première livraison dans une entreprise s’adresse aux early adopters, les salariés qui seront les plus sensibles à l’innovation, et ce sont eux qui deviendront les ambassadeurs auprès de leurs collègues.
Le conseil d’Arthur : Ne jamais garder une idée business pour soi par peur de se la faire voler. Parler de son idée permet de tester le potentiel de marché. Ce qui fait la différence n’est pas l’idée mais l’exécution de l’idée.